Comptes rendus élaborés par les Terminale SBC et SMP2 de section allemande dans le cadre de
l'étude du thème « Le sport, miroir de notre société ? » au programme du bac de français langue
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Mardi 28 septembre, Hans-Peter Durst, champion de cyclisme paralympique, nous a fait
l'honneur de nous parler de ses exploits et de son parcours. Rencontre avec un sportif très
humble et joyeux. (Maxime)
La grande aventure de ce cycliste allemand débute en 1994, à la suite d'un grave
accident de voiture qui bouleversera sa vie : Hans-Peter Durst perd le sens de l'équilibre
et la partie gauche de son champ de vision. Il ne peut pas tenir debout sans s'appuyer
contre un meuble ou sur sa canne. (Anton)
Le début de sa vie en tant qu'handicapé est très difficile pour lui et sa famille. Il n'est
plus capable de se déplacer en voiture et sa femme quitte son travail afin de veiller sur lui,
car les transports en commun deviennent rapidement difficiles et angoissants à emprunter
à cause de ses difficultés d'orientation.
Après quelques mois, Hans-Peter Durst commence à utiliser le vélo à trois roues,
habituellement utilisé pour les courses, lourd de 24 kg, mais lui permettant enfin de se
déplacer de façon autonome et d'aller où il le souhaite en faisant un peu de sport.
(Emmanuel)
A la question : « comment êtes-vous arrivé à l'idée de devenir sportif de haut niveau ? »,
le champion fait remarquer que cela s'est fait par hasard. Un jour, en roulant avec un ami,
ce dernier l'a invité à une petite compétition régionale, où il s'est fait remarquer. (Paul)
De fil en aiguille, il fait de plus en plus de compétitions et a même par la suite participé
aux Jeux paralympiques de Londres en 2012, où il a remporté une médaille d'argent.
(Félix)
Le paracycliste est revenu sur l'événement qui l'aura sans doute le plus marqué, sa
première breloque en or. L'histoire est folle !
Alors qu'il n'avait parcouru que quelques centaines de mètres pour le contre-la-montre,
sa selle se casse. Hans-Peter Durst sent que quelque chose ne va pas, mais il ignore le
problème. Sous les encouragements nourris de son entraîneur, et poussé par l'adrénaline,
il explose le chronomètre et s'impose. (Erwan)
Sa peur de décevoir et de perdre la course à cause de ce problème qui le pénalisait l'a
paradoxalement rendu plus fort. L'adrénaline et la motivation ont pris le dessus sur les
capacités physiques. Le sport est donc une activité qui pousse l'athlète au bout de ses
capacités, non seulement physiques mais mentales. Hans-Peter Durst décrit ce moment
de panique comme « l'effet tigre ». (Niels)
Il a également partagé avec nous une histoire très émouvante : trois semaines avant les
Jeux, sa mère est décédée. Il a donc porté une photo d'elle sous son maillot de cycliste et
l'a brandie au moment où les photographes sont arrivés. (Antonia)
Les médailles paralympiques sont spéciales. Elles sont faites à partir de parties
recyclées de téléphones et ont deux caractéristiques importantes : il y a des billes à
l'intérieur permettant aux athlètes aveugles de reconnaître la médaille à partir du son
qu'elle produit, et elles comportent des inscriptions en braille. (Oscar)
Après les Jeux de Rio, Hans-Peter Durst s'est entraîné jusqu'en 2020 pour participer
aux Jeux suivants. Mais c'est alors qu'est arrivée la pandémie de SARS-COV-2, qui a
causé le décalage d'un an des Jeux de Tokyo. M. Durst a, comme la majorité des athlètes,
continué à s'entraîner. En mars 2021, il a finalement décidé de ne pas participer aux Jeux
pour deux raisons : la première est familiale, il voulait rester près de ses proches dans
cette période difficile et ne pas partir un mois au Japon. La seconde est plutôt politique,
car malgré les demandes des autorités sanitaires japonaises de reporter les Jeux de
Tokyo en raison de la saturation des hôpitaux, le CIO a décrété leur maintien. M. Durst a
alors décidé, comme d'autres athlètes, de ne pas y participer. (Arthur)
Beaucoup d'autres athlètes ont refusé, certains pour des raisons personnelles, d'autres
en suivant les décisions prises par leur État, qui ne voulait pas prendre le risque d'envoyer
des sportifs de haut niveau dans un pays dans lequel les hôpitaux étaient surchargés.
(Nadia)
Selon Hans-Peter Durst, le paracyclisme a été un moyen de « revivre ». Il a
partiellement retrouvé, grâce à ce sport, sa mobilité. C'est également un sport qui l'émeut
beaucoup, car même s'il s'agit de disputer des compétitions, il y a toujours des moments
d'unité et de joie partagés entre les concurrents et même avec le public.
Il aime partager son expérience et ses aventures sportives avec son entourage et avec
la jeunesse. Hans-Peter Durst a derrière lui un parcours inspirant et unique en son genre
qui a marqué l'histoire du sport. (Antoinette)
C'est un modèle à suivre par sa détermination malgré les difficultés. Pendant
l'intervention, il a présenté la place du handisport dans sa vie ; certaines notions peuvent
être étendues à tous les sports et à la vie de manière générale. Par exemple, « l'effet
tigre », un état d'esprit qui donne lieu à des performances inattendues et supérieures à la
normale, montre qu'il ne faut jamais abandonner.
Le sport est plus que de l'amusement pour Hans-Peter Durst, c'est une passion. Il est
de l'avis que tant que le corps reste en forme, on peut continuer à s'entraîner et il le
prouve en faisant partie des cyclistes allemands les plus âgés.
Le handisport a encore des failles, comme au niveau de la classification injuste qui crée
des groupes hétérogènes. La visibilité des athlètes handicapés est encore très limitée : la
télévision allemande, par exemple, ne diffuse pas les épreuves de handisport. La société
n'est pas encore habituée à regarder le handisport à la télévision, ce qui exclut ces sportifs
qui méritent les mêmes droits que leurs homologues valides. Mais globalement, la
situation s'améliore petit à petit.
Le visage souriant de Hans-Peter Durst donne envie de se faire plaisir. Il pense qu'il faut
« continuer à avancer pour se maintenir en équilibre » : une belle leçon de vie. (Antoine)